Un jour, une œuvre du Musée des Beaux-Arts de Dole

La mort de Didon, vers 1640
huile sur toile
215 x 175 cm

Simon VOUET
(Paris, 1590 – Paris,1649)


Ce tableau est un des joyaux du musée. Simon Vouet illustre ici un passage de l’Enéide de Virgile (très célèbre poète latin). Enée est un jeune héros de la mythologie grecque et romaine. Après la chute de sa ville, Troie, il est envoyé par les Dieux pour aller construire une nouvelle Troie en Italie. Enée aborde sur les côtes africaines, où il est accueilli par Didon, la reine de Carthage. Tous les deux vivent une histoire d’amour passionnée. Mais le roi des Lybiens, Hiarbas, amoureux de Didon, demande à Jupiter d’éloigner Enée, en lui rappelant sa destinée : Enée doit reprendre sa route vers l’Italie, et abandonner Didon. Didon, désespérée, voit Enée s’éloigner avec sa flotte. Elle fait construire un bûcher, y monte et s’enfonçe une épée dans la poitrine.

Simon Vouet a vécu longtemps en Italie, avec sa femme Virginia da Vezzo et leur cinq enfants mais la mort de son épouse encore jeune le pousse à revenir en France dès 1627. Déjà très célèbre en Italie, il devient premier peintre du roi Louis XIII en France. Il est le premier à introduire en France les différents styles de la peinture italienne. 

Dans notre peinture, le visage de la vieille nourrice Barcé (en jaune) rappelle le grand peintre italien Caravage et celui de Didon, les peintres de l’école de Bologne. Iris, à gauche, la déesse ailée, coupe un cheveu de la reine pour couper le fil de la vie. Sa silhouette s’enroule en spirale. Sa chair nacrée témoigne de l’utilisation à cette époque de pigments (couleurs) naturels, végétaux ou minéraux. Hannah, la soeur de Didon, est agenouillée, en pleurs, aux pieds de l’héroïne.
L’ensemble s’organise autour d’une diagonale baroque : la peinture baroque s’est développée en Italie au milieu du 16e s., et s’est déployée dans toute l’Europe au 17e. C’est une peinture du mouvement, de l’exagération, qui utilise les constrates de couleur, les lignes courbes. Elle se construit souvent sur des lignes fortes (la fameuse diagonale !) et, en opposition, des formes circulaires, des drapés.
Sur notre diagonale s’alignent les mains gracieuses et les visages des personnages. Dans la partie basse du tableau, les courbes nombreuses et inversées animent les tapis et tissus.
En haut à droite on voit le décor : un lourd rideau sombre qui rend la scène encore plus tragique ; un fragment d’architecture antique, et au-dessous la mer sur laquelle navigue Enée (estompée). Enfin, en bas à gauche, une aiguière (sorte de cruche en cuivre) termine le décor. Cet objet est souvent présent dans les tableaux de Vouet.
Cette peinture est une des plus grandes compositions profanes (non religieuses) de Vouet. 
Le mythe d’Enée et Didon a également inspiré le grand compositeur baroque Henry Purcell qui, en 1689, écrit l’opéra Didon et Enée, tout premier opéra en langue anglaise et chef d’œuvre de la musique baroque.

En savoir plus :

VOUET, La mise au tombeau
Un tableau de Simon Vouet acquis par le musée des Beaux-Arts de Strasbourg, avec le soutien du ministère de la Culture (Fonds du patrimoine)

Purcell

Didon et Enée de Purcell
Didon et Enée d’Henry Purcell