Un jour, une œuvre du Musée des Beaux-Arts de Dole

E Che Homo, d’après Freddy Alborta), 1990
Installation : carton, papier kraft, scotch d’emballage, peinture

Olivier BLANCKART
(né en 1959 à Bruxelles)
Vit et travaille à Paris

Olivier Blanckart est un artiste autodidacte (il s’est formé seul), sculpteur, photographe, activiste (c’est un artiste militant, qui a réalisé de nombreuses actions publiques pour manifester son point de vue sur le monde, l’art, la politique). Il réalise des sculptures au moyen de matériaux pauvres, matériaux d’emballage, de récupération : carton, papier kraft, scotch, papier d’aluminium. Ses sujets sont toujours une réinterprétation de personnages et de scènes très connus, dont l’image a déjà circulé dans les médias. En photographie, sa pratique est proche : pour la série « Moi, en », il fait des autoportraits (portraits de lui-même) comiques, dans lesquels il incarne des figures célèbres qu’il mime parfaitement, Tintin, Gustave Courbet, Coluche, Angela Merkel, Boris Johnson etc.
Notre sculpture est une scène impressionnante, qui fait revivre une photo mondialement connue réalisée par le photographe Freddy Alborta.
Le 9 octobre 1967, le corps assassiné d’Ernesto Che Guevara – un des dirigeants de la révolution contre la dictature à Cuba au début des années 1960 – est montré à la population et à la presse dans le village de La Higuera en Bolivie, dans le lavoir de l’hôpital. Les militaires se pressent autour du cadavre pour être sur la photo, de même que le général bolivien Adriazola qui pointe du doigt la blessure. Che Guevara, ancien compagnon de Fidel Castro (révolutionnaire puis chef d’état cubain) vivait dans la clandestinité (caché) depuis 1966. En 1967, il est actif dans la lutte contre la dictature en Bolivie, avant de se faire arrêter puis exécuter par l’armée bolivienne.
La mort du Che est mise en scène par l’armée ; le photographe, Alborta, fait lui aussi sa mise en scène : en photographiant en contre-plongée (par en-dessous) la tête du Che, il la fait paraître plus grande, plus haute. Ses yeux semblent fixer l’objectif et le spectateur. Même mort, il parait vivant.
Grâce à cette photographie, Che Guevara deviendra une icône (un symbole), à la fois politique et populaire.
Le titre de notre oeuvre est un jeu de mot avec une scène de la vie du Christ qui s’appelle Ecce Homo (latin : Voici l’homme). Ponce Pilate, gouverneur romain de Judée, présente à la foule Jésus après son arrestation avec ces mots : « Voici l’homme » (celui qui doit mourir). Le Christ assassiné sera mis dans un tombeau. La disposition des personnages et leurs gestes dans l’oeuvre d’Olivier Blanckart peuvent tout à fait être comparés à ceux d’une mise au tombeau du Christ en peinture ou sculpture au Moyen-Age.

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