Un jour, une œuvre du Musée des Beaux-Arts de Dole

La voleuse n°9, 1986
Huile et collage sur toile
170 x 340 cm

Jacques MONORY,
(Paris, 1924 – 2015)

Jacques Monory appartient au groupe de la Figuration narrative, comme Fromanger, Rancillac, Erro… Comme les autres artistes de ce groupe, il peint à partir d’images ; ses peintures sont figuratives, elles représentent une forme de réel, mais son univers reste étrange et mystérieux, à la manière d’un film noir (policier). Pour chaque toile, Monory invente en effet une histoire, nourrie de ses lectures ou de cinéma ; on devine une ambiance – ce sont souvent des scènes de meurtres – mais le scénario exact du film nous échappe, et on y retrouve toujours le même personnage : l’artiste lui-même, qui se projette et se peint dans toutes ses œuvres.
Monory travaille à partir de photographies réalisées par lui-même ou découpées dans des journaux, qu’il projette et agrandit sur sa toile encore blanche. Les couleurs qu’ils utilisent sont souvent froides et presque monochromes (une seule couleur) ce qui accentue le côté mystérieux et parfois inquiétant de la scène. La voleuse n° 9 fait partie d’une série de 10 tableaux, qui construisent une histoire complète. Les 8 premières toiles représentent la jeune voleuse et l’endroit où a lieu le vol, le vol lui-même puis la fuite de la petite fille. Notre peinture, ainsi que la numéro 10, montrent les retrouvailles de la voleuse avec un homme. Derrière la fenêtre on devine la silhouette d’un personnage tenant un fusil à précision, peut être un tueur… L’homme à droite du tableau est un autoportrait de Monory, on reconnaît son visage et son style, élégant, portant le fameux Stetson (son chapeau) des acteurs américains des années 50.
La toile est comme un arrêt sur image, l’artiste utilise les techniques de la BD pour représenter le mouvement : la peinture blanche déborde de la robe de la petite fille pour montrer la vitesse, des traits courts autour du bras de l’homme soulignent son geste. Une photographie a été collée sur le mur de droite dans le décor, elle comporte une trace de peinture pour mieux s’y intégrer et coller au réel.
Monory a produit des séries de toiles roses et jaunes, mais la couleur qu’il utilise le plus souvent est le bleu. Peintre, il a aussi réalisé plusieurs films. Toutes ses œuvres parlent de disparition, de perte, de la mort.
« Le bleu agit comme un écran entre le spectateur et le sujet de chaque toile. C’est un bon truc, je peux à la fois montrer des choses très dures et m’en protéger » disait l’artiste en 2015.

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Jacques MONORY
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